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EDWY PLENEL SILA 2011
sila presentation salon international du livre d'alger

Edwy Plenel dénonce la censure et les visées politiciennes du pouvoir français
Pour une écriture de l’Histoire sans calculs politiciens, sans «guerre des mémoires»


La présence d’Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du quotidien français le Monde et actuellement directeur du site d’information Médiapart, pour la clôture de la 16e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila 2011) est significative à plus d’un titre.

D’abord par le parcours personnel du journaliste, chroniqueur et auteur. De sa naissance en Loire-Atlantique, son enfance en Martinique, terre de Franz Fanon comme il aime à le souligner, à son séjour en Algérie, à partir de 1965 et jusqu’en 1970, où il passera son bac et entamera ses études supérieures. Cet itinéraire, marqué par un militantisme anticolonialiste et plus largement un militantisme de gauche, le journaliste dira qu’il a fait de lui «le Français que je suis aujourd’hui».

Rappelant aussi, par ailleurs, et ce n’est pas rien, que ce sont pour 66% des «soldats issus des forces coloniales» qui ont constitué l’armée de la France Libre, dont le gouvernement était établi à Alger, et qui ont combattu le joug nazi. Paroles plutôt rares, voire franchement étouffées par le pouvoir français actuel.

En effet, Edwy Plenel a insisté, lors de la conférence qu’il a tenue samedi dernier au Sila, à opposer une «identité politique française liée au monde», à celle d’une identité «de politique de fermeture et de repli sur soi» caractérisant, selon lui, la présidence de Nicolas Sarkozy. Opposition à une politique de «l’exploitation de la peur» qui lui vaudra d’être évincé de la direction du journal le Monde en 2004, alors que celui-ci connaissait des chiffres de ventes record depuis sa création.

Une mainmise sur le champ médiatique de la présidence française actuelle qu’il dénoncera vigoureusement par la suite. En second lieu, la présence d’Edwy Plenel à Alger s’inscrit dans un contexte historique particulier, celui de la célébration de «plusieurs cinquantenaires» d’indépendances africaines, selon son expression, et dont le plus imminent est celui du 17 Octobre 1961.

La répression des manifestants algériens, sous la préfecture de Maurice Papon, fut qualifiée par Edwy Plenel «de plus grand massacre ouvrier depuis la Commune de Paris». C’est dans ce sens que le journaliste français a appelé de ses vœux à une écriture de l’Histoire débarrassée des calculs politiciens, non pas une «guerre des mémoires», mais avec un souci de vérité placé au-dessus des prétentions électorales.

La pression, et disons le franchement, une censure qui ne dit pas son nom, dont est victime Jacques Panijel, réalisateur du film Octobre à Paris qu’Edwy Plenel citera en exemple, est à ce propos, justement exemplaire. Ce souci de «vérité et de justice» inspiré de la démarche de Nelson Mandela, est, depuis 2005, date de la création de Médiapart, le fer de lance du journaliste. Le «devoir d’informer d’abord, les débats d’opinions ensuite», dira-t-il à l’adresse de ses confrères.

Comme le furent celles de Pierre Vidal Naquet et Francis Maspero à leur époque, cette démarche, on le sait, fut à l’origine de plusieurs révélations qui ont secoué la scène politique française. De la farouche dénonciation de l’utilisation par Nicolas Sarkozy de l’affaire Clearstream à des fins politiques, jusqu’au mises en examen de Ziad Takiedine dans l’affaire de l’attentat de Karachi sous la présidence de Jacques Chirac. Une atmosphère de «corruption» qu’il dénoncera avec force, et surtout en disant que la France, sous la présidence de Sarkozy, n’avait surtout pas de leçon à donner en la matière aux autres pays. C’est dans ce sillage qu’Edwy Plenel abordera les révoltes qui secouent le Monde Arabe. Elles sont, selon lui, «un retour aux idéaux démocratiques originels», où l’on assiste à une émergence inédite des sociétés. Des peuples qui ont montré à une Europe décadente que les mots de «liberté et égalité» ne sont en aucun cas la propriété de l’Occident.

Ces évènements sont à inscrire, toujours selon M. Plenel, dans trois moments déterminants et reliés : une crise financière majeure, une révolution industrielle et numérique, et, enfin, la fin d’un cycle où «c’était l’Europe qui donnait le la au monde», avec l’émergence de puissances telles que le Brésil, l’Inde et la Turquie avec lesquelles il faudra désormais compter.

Les évènements qui secouent le Monde Arabe seraient, selon le Edwy Plenel, une preuve «que l’Histoire qui nous semblait écrite et avoir un sens» ne l’est justement plus, par l’émergence de ces mouvements. Ce qu’il faudrait sans doute aussi retenir de la conférence de M Plenel, c’est son constant rappel à la responsabilité de chaque peuple.
A aucun moment, le journaliste ne s’est ingéré dans les affaires algériennes ni n’a commenté un fait, quand bien même les questions du public l’y invitaient. Préférant s’en tenir à son rôle, celui d’informer, en France, sur ce que les évènements, depuis le 14 janvier tunisien, représente comme «formidable espoir pour nous». Cette histoire, que les sociétés écrivent désormais elles-mêmes est, et nous ne pouvons qu’y adhérer, un gage que désormais «on ne fera pas notre bonheur à notre place».

Plenel : la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie «nous concerne aussi» Edwy Plenel a affirmé, lors de sa conférence au 16e Salon du livre international d’Alger (Sila 2011), que le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 2012, concernait tout autant la France et que les deux pays doivent l’assumer «sans instrumentalisation».

M. Plenel a estimé qu’il était temps d’«assumer» l’histoire liant les deux pays telle qu’elle est, «sans aucune instrumentalisation politique», ni d’un côté ni de l’autre. «La célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie nous (français) concerne aussi. Il est temps de l’assumer [...] au lieu de l’instrumentaliser. Nous sommes faits de cette Histoire que je défends contre ceux qui ont créé la haine entre les peuples et rejettent leur propre Histoire», dira-t-il en substance.

A ce propos, il annoncera qu’un appel pour «la vérité et la réconciliation» sera prochainement lancé sur Mediapart, le journal en ligne qu’il a fondé, il y a quelques années, après son éviction de la direction de la rédaction du journal le Monde, concernant la répression des manifestations d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris. Cet appel est conçu comme le point de départ d’un programme qui s’étalera sur plusieurs mois et qui sera dédié à l’histoire de la colonisation française en Algérie.

Edwy Plenel a précisé que cet appel sera adressé «d’abord aux français» de toutes colorations politiques, précisant qu’«il ne s’agit pas d’un appel à la repentance ni un (aveu) à la culpabilité, mais tout simplement un appel à la vérité». «Le 17 octobre me tient à cœur car ce massacre a longtemps été oublié. Ce fut là la plus grande répression d’une manifestation pacifiste. Ce fut même le plus grave massacre d’un peuple de travailleurs dans l’histoire moderne», s’est-il indigné, soulignant la nécessité historique de «reconnaître» et de «condamner» ce crime.

À cet égard, le journaliste a mis en garde contre les «guerres des mémoires», qu’il juge «instrumentalisées par les pouvoirs (politiques)», afin d’en finir avec le passé et de «pouvoir se projeter (enfin) dans l’avenir», a-t-il expliqué.

Fodhil Belloul
Source : La tribune
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