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ALAOUIYA SOBH ET RACHID AL-DAÏF SILA 2011
sila presentation salon international du livre d'alger

LITTERATURE ARABE - LE CORPS RESTE TABOU


Constat La question de la représentation du corps dans la littérature arabe a fait, hier, l’objet d’un débat en marge du 16e Sila.

Cette rencontre a été animée par deux écrivains libanais Alaouiya Sobh et Rachid Al-Daïf. Tous deux ont abordé suivant leur expérience et leur approche, la sensible problématique de la représentation du corps dans l’imaginaire romanesque ou l’univers poétique arabe, souvent soumis à l’autocensure en raison de l’environnement social et du conditionnement culturel.

Pour eux, la littérature arabe obéit à la tradition ambiante, séculaire et répressive, donc à des codes sociaux rigoureux, des modèles culturels abrupts ou inusités, des préceptes religieux austères et des concepts psychologiques rigides. Cela a d’emblée créé une relation complexe avec le corps et a cultivé aussitôt le non-dit ou l’allusion. 

Pour eux, le corps, sujet à toucher les susceptibilités des uns et à titiller la morale des autres, demeure, bien qu’il évolue dans un univers imaginaire, tabou. Un tabou que l’intellectuel arabe ne parvient toujours pas à transgresser, à outrepasser sans prendre le risque de se heurter aux conventions, à l’éthique. D’où d’ailleurs le recours à des subterfuges, tels que la métaphore ou l’image. Et très peu d’écrivains qui osent s’aventurer franchement et sans complaisance dans ce genre de représentation.
 
Ainsi, Alaouiya Sobh, pour qui le corps est une présence permanente dans l’imaginaire littéraire arabe, estime que celui-ci, qui est un élément à part entière – et partie intégrante – de l’espace romanesque ou poétique, doit transparaître. Cela signifie qu’il doit être représenté ouvertement, franchement, donc naturellement. Il doit être évident, visible. 

Si le corps s’avère omniprésent, il se trouve, selon l’intervenante, que les écrivains ont du mal à en lever le voile. «On n’ose pas dire ou décrire le corps, représenter sa partie cachée, voire son intimité», a-t-elle dit, et d’ajouter : «Tout est dit de manière détournée. On l’évoque subrepticement, en cachette.»

Alaouiya Sobh se désole alors que les romanciers ou poètes arabes se soient conformés au modèle que la société leur a moulé ; et tant que la littérature se trouve assujettie à la mentalité de la société, mentalité ankylosée et engourdie, donc régie par la pesanteur et la raideur de l’idée qu’elle se fait du corps, de son rapport réprimé dans le refoulé à celui-ci, le corps restera absent de la littérature ou bien existante mais d’une façon allusive. 
La littérature arabe se révèle encore captive d’innombrables stéréotypes, fruit de l’enfermement et de la retenue. 

Et si la littérature arabe est arrivée à se retenir, c’est parce que, selon elle, les intellectuels arabes ont accepté la soumission plutôt que l’émancipation, la retenue plutôt que la créativité. Au lieu d’assumer une rupture dans leur travail de création littéraire ou poétique, voire esthétique, ils ont préféré, pour la plupart, se limiter à une écriture arrangée et ce, de peur d’offusquer les lecteurs. 
Pour sa part, l’écrivain Rachid Al-Daïf, qui constate une régression du roman arabe, déplore l’apathie intellectuelle et créative. Selon lui, il y a un manque d’imagination, de renouveau esthétique et de témérité créatrice dans la représentation du corps. Pour lui, il faut que celle-ci soit directe et évidente. 

L’écrivain arabe, explique-t-il, préfère avancer prudemment sans trop se mouiller, dans son cheminement littéraire. Il adhère facilement à la norme et au politiquement correct et à la fausse pudeur. 

Or, il est du devoir de l’écrivain de rompre avec les conventions sociales et de s’inscrire en conséquence dans la négation. L’écriture est une déstructuration du modèle établi, imposé. 

Comme Alaouiya Sobh, Rachid Al-Daïf tient pour responsable cette léthargie littéraire, les intellectuels eux-mêmes qui n’osent plus et optent pour une écriture lisse, linéaire sans couleurs ni saveurs. 
Yacine Idjer
Source : INFO SOIR
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De gauche à droite : Rashid Al Daif, Haniya Sid Oyhmane, Olouiya Sobh
 
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